Trajectoire : Les secrets de vie de Oumar Samba Ba, nouveau SG de la Présidence

dimanche 8 novembre 2020 • 20489 lectures • 4 commentaires

Politique 3 ans Taille

Trajectoire : Les secrets de vie de Oumar Samba Ba, nouveau SG de la Présidence

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Secrétaire général de la présidence de la République, Oumar Samba Bâ a la réputation d’un grand commis de l’Etat, d’un fonctionnaire qui a le sens du devoir.

C’est lui le grand inconnu de la nouvelle équipe de Macky Sall. La gigantesque ombre qui voile la photo officielle du gouvernement. Droit comme un piquet, en première ligne, à côté du chef de l’Etat, Oumar Samba Bâ, le tout nouveau Secrétaire général de la Présidence de la République, en remplacement de Mouhammad Boun Abdallah Dionne, a longtemps été le sujet mystérieux du Palais. Le Fantôme de l’Avenue Roume. Celui qu’on absout de tout délit de mise en lumière de sa personne, l’environnant d'ombre et de silence. Porté à l'introversion, à vivre centré sur soi-même, il fait partie de l’espèce rare des agents de l’Etat dont la fonction entraîne à se détourner du monde extérieur. Une Tendance à la réserve, à la dissimulation. L’homme s’épanouit à l’arrière-scène, le nez fourré dans ses dossiers, visant l'efficacité et la performance. «Pragmatisme», «rigueur», «discrétion» : un triptyque, viatique d’une vie de forçat sous les lambris dorés et les lampes à quatre branches des salon feutrés du Pouvoir. Mais aussi condensé élogieux des témoignages de proches, collègues ou de simples connaissances dont la rencontre avec cet homme à la taille herculéenne est empreinte de satisfécits. Celui de l’Inspecteur général d’Etat à la retraite Sidy Mouhamed Ndour, son ancien collègue au Palais et ami de son père, Pape Oumar Bâ, est à la fois éloquent et révélateur. Il confie, d’un trait : «C’est un garçon très compétent. Un grand commis de l’Etat qui connait ses dossiers. Il est très pointu. Sa principale caractéristique, c’est qu’il est très pondéré, très modeste. Ce n’est pas le genre à faire des vagues.» A laisser ses émotions prendre le dessus sur la raison. 

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Grand homme 

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Mercredi 04 novembre, premier conseil des ministres de Oumar Samba Bâ, en tant que secrétaire général de la présidence de la République. Sur les gros plans de la Rts qui fixe les nouveaux visages de la Salle des Banquets (rebaptisée Bruno Diatta), le nouvel homme fort du Palais de la République regarde à peine la caméra. Silhouette courbée, il apparait sobre dans son costume noir, aux côtés du Président. En homme de devoir. «Il tient ses qualités de son père. Courtoisie, discrétion, efficacité, disponibilité et efficacité dans le travail. Oumar Samba Bâ, je le connais depuis sa naissance. Il est de très bonne famille. C’est un homme valeureux, un bon talibé Tidiane. C’est son père qui était mon collègue au contrôle économique. Pape Oumar Ba était un inspecteur du contrôle économique et il était l’inspecteur régional du bureau du contrôle économie à Tambacounda», se rappelle Sidy Mouhamed Ndour, fier de ce qu’est devenu, le fils de son ami et ancien collègue. 


Natif de Ziguinchor où son papa était en service, Oumar Samba Bâ a rejoint la faculté des Sciences Économiques et de Gestion (Faseg) après son baccalauréat, en 1994.  A l’université, il se révèle être un étudiant modèle. Sans histoires. Direction de l'Administration générale et de l'Équipement au ministère du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale Aliou Sow est son ami de la fac. «Nous nous sommes connus à la Faseg. C’est un homme très sérieux, travailleur. Nous avons eu notre maitrise ensemble. Il est discret, calme et aime la recherche. On l’appelait Arrow et son voisin Neumann. Ce sont deux auteurs qui avaient écrit un livre sur la micro-économie. Il est discipliné. En 1999, nous avons été admis à l’école nationale d’administration et de magistrature (Enam).) C’est en 2001 qu’il sort de l’Enam comme administrateur civil. Le monde professionnel s’ouvre à lui. Oumar Samba Bâ rejoint le commandement territorial. Pour son premier poste, il est affecté à la Direction de l’Administration générale et de l’Equipement (Dagad) au ministère de l’Intérieur. A ses côtés, il y a le magistrat Cheikh Issa Sall, son promotionnaire de l’Enam. Il témoigne : «Oumar Samba Bâ est une personne bien éduquée, très courtoise, très sérieuse. Cette réputation le suit depuis l’Enam. Il est très compétent. Il a toujours été comme ça. J’étais le responsable de la classe à l’Enam et Oumar a toujours été sérieux, discret et travailleur.» 


Sa rencontre avec Macky Sall


Après la Dagad, il est nommé adjoint au gouverneur de Ziguinchor. Sans bruit, il tisse sa toile en gardant sa réputation de fonctionnaire discret. Oumar Samba Bâ a la tête sur les épaules. L’énarque ne veut pas brûler les étapes. En 2007, il tape dans l’œil de Moustapha Bâ actuel Directeur du Budget. C’était à un séminaire sur le programme d’urgence d’appui à la relance économique en Casamance financé par la Banque mondiale. Oumar Samba Bâ y fera une brillante présentation qui séduira toute l’assistance. «J’étais à la Dsef et Macky Sall était Premier ministre. Après la présentation, j’ai proposé à Oumar Samba Bâ d’être le coordonnateur du projet, mais, il a poliment décliné l’offre», se souvient encore Moustapha Bâ, pour montrer la nature de l’homme. Après son passage à Ziguinchor, il devient Directeur de cabinet du ministre Maïmouna Sourang Ndir. Quand Hadjibou Soumaré est nommé Premier ministre, Oumar Samba Bâ devient conseiller technique à la primature. En 2010, l’Administrateur Civil Principal est nommé Directeur du Moyen Orient et de l’Asie à la Direction de la Coopération Internationale du Ministère de la Coopération Internationale, de l’Aménagement du Territoire, des Transports aériens et des Infrastructures, dirigé par Karim Wade. En 2012, Me Abdoulaye Wade quitte le Palais, Macky Sall s’installe. Oumar Samba Bâ rejoint la Présidence avec lui. Quand Jean Maxime Simon Ndiaye est nommé Secrétaire général de la présidence de la République, Oumar Samba Ba devient son adjoint. Sidy Mouhamed Ndour : «Depuis, il n’a pas quitté les hautes sphères de l’Etat. C’est un homme de confiance. Nous avons eu à partager sur certains dossiers quand j’étais à l’Inspection générale d’Etat et les sept années que j’ai été à la Présidence de la République et que je présidais la commission de suivi et de contrôle des patrimoines immobiliers de l’Etat à l’étranger. Je travaillais directement avec le secrétaire général de la Présidence. Oumar Samba Bâ est très respectueux, très compétent parce qu’il a fait un parcours irréprochable.» Jusqu’à devenir le dimanche 1er novembre courant, secrétaire général de la Présidence de la République. «Il a eu un parcours universitaire et professionnel qui peut justifier qu’il occupe le poste de secrétaire général de la Présidence. De la Fac à l’Enam, il est resté discipliné et travailleur. C’est par ses qualités professionnelles qu’on fait appel à lui», jure presque, Aliou Sow. 


Sapeur-pompier


 Dans la peau du fonctionnaire modèle chanté de tous ses proches, Oumar Samba Bâ traîne aussi la réputation d’un médiateur hors-pair. Un Sapeur-pompier qui sait éteindre des feux sans bruits. Un homme qui arrive à contenir la colère de fonctionnaire parfois rebelle. Dans l’intimité de son bureau, il règle des différends. A la Primature, sous le magistère de Hadjibou Soumaré, Oumar Samba Bâ est celui qui gère l’Ena. Il s’implique directement y est présent aux rencontres. Entre 2007-2009, le Président de l’Amicale des étudiants de l’Ena s’appelle Amadou Tidiane Fall, un jeune fougueux qui ne savait pas contenir ses émotions. «Il était le conseiller technique du Premier ministre et l’Ena dépendait de la Primature. J’étais jeune et fougueux. Au cours d’une réunion, j’ai pris la parole et j’ai parlé avec fougue. Il n’a rien dit sur le coup, mais il m’a fait convoquer à son bureau à la Primature pour me parler. Il m’a prodigué énormément de conseils et cela m’avait beaucoup marqué», se souvient Amadou Tidiane Fall. Quelques années plus tard, quand Amadou Tidiane Fall sort de l’Ena comme administrateur civil, lui aussi, il sert au ministère de Karim Wade où il retrouve Oumar Samba Bâ. Il l’observe de loin, mais prend surtout exemple sur celui qu’il considère comme un fonctionnaire accompli. Au fil des affectations dans l’administration, Amadou Tidiane Fall est parfois rattrapé par sa fougue de jeunesse, au point de vouloir se mettre à dos sa tutelle. Là encore, Oumar Samba Bâ intervient. «Il m’a appelé au Palais et m’a fait un cours magistral. Il m’a dit : «Jeune frère nous sommes des fonctionnaires de l’Etat. Nous sommes des soldats, c’est difficile mais nous encaissons et nous nous taisons pour l’Etat. Il faut savoir avaler des couleuvres. C’est quelqu’un de très effacé mais de très efficace. Il est impliqué dans plusieurs dossiers et il a éteint beaucoup de feu. Il règle beaucoup de problèmes dans la discrétion. C’est un fonctionnaire modèle, qui ne se plaint pas et qui règle beaucoup de différends. Oumar Samba Bâ m’a beaucoup aidé à améliorer mon comportement au niveau professionnel. Il m’a appris l’endurance. C’est un formateur à l’Ena. Il a toujours été membre du jury de l’Ena d’entrée ou de sortie.»  


Son défaut


Nommé dans le prestigieux corps des Inspecteurs généraux d’Etat (Ige) par le Président Macky Sall, Oumar Samba Bâ peut paraître un homme froid. Mais derrière cette carapace d’homme dur, se cache un homme d’un abord facile, agréable à vivre. Aliou Sow : «c’est un homme taquin. Quand vous le regardez, il peut vous renvoyer l’image d’un homme froid, ferme, mais quand il est avec ses copains, c’est un homme vraiment intéressant. Il est très mesuré. Il peut donner l’impression d’être un homme de caractère, mais quand on le fréquente, on se rend compte que c’est un homme plein de caractère qui aime discuter. C’est un homme bien.» Mais, il est avant tout très prévoyant, souvent à l'extrême. Cheikh Issa Sall : «Son défaut en tant qu’homme est sa qualité en tant que fonctionnaire ; il est très réservé.» Son ami Aliou Sow indexe les mêmes fautes à l’amitié : «Oumar est trop concentré sur son travail et parfois il est injoignable.» Le successeur de Mahammad Boun Abadallah Dionne est surtout exigeant autant dans ses relations qu'envers lui-même, il apprécie de se sentir bien entouré, surtout professionnellement. Si Oumar est rigoureux dans sa façon d'être selon ses proches, il montre de la tolérance envers les défauts des autres.


CODOU BADIANE

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Publié par

Namory BARRY

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