Les voies du changement (Par Dr Abdoulaye Dramé) 

dimanche 28 avril 2024 • 1562 lectures • 0 commentaires

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Les voies du changement (Par Dr Abdoulaye Dramé) 

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Il n’a pas fallu beaucoup de temps au nouveau Président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, malgré l’état de grâce, pour que des mesures fortes commencent à pousser à partir des entrailles du palais de la République. Le sacrifice, au traditionnel discours à la nation du 03 Avril, a été l’occasion de réitérer la volonté manifeste du nouveau régime, d’opérer des ruptures de fond, conformément à ces promesses électorales. 

Après avoir rendu un vibrant hommage à ces prédécesseurs, le jeune Président s’est engagé, dans un discours-programme historique qui a posé les jalons de sa gouvernance pour ce nouveau quinquennat. 
D’abord, sur le plan politique, le jeune Président a frappé tous les esprits, en démissionnant de tous ces postes au sein de son parti, dès son accession à la magistrature suprême. Cette rupture sans précèdent depuis pratiquement les indépendances, semble sonner le glas des partis-états et constitue une étape importante vers l’édification d’un Etat impartial, juste et équitable, qui consacre les mêmes droits et devoirs à tous ses citoyens. Le Président Faye s’est aussi engagé à la réorganisation de la pléthore de partis politiques et à un toilettage du système électoral, qui devrait conduire au « remplacement de la CENA par une Commission électorale nationale indépendante (CENI) » dont les pouvoirs de contrôle et de supervision seraient élargis à l’organisation des joutes électorales. Toutes ces réformes se feront, dans de larges concertations inclusives « avec la classe politique et la société civile ». Plusieurs conférences nationales sous forme de dialogue dont le pacte républicain en 2005, les assises nationales en 2008/2009, la CNRI en 2012 et même tout récemment le PACTE en 2024, ont été organisées par les différents régimes successifs, avec des résultats qui souvent ont buté dans leurs applications concrètes. 
Les citoyens, dans leur écrasante majorité, adhérent aux objectifs de ces cadres de concertations, notamment sur la révision de nos institutions, toutes choses à même de contribuer à l’érection d’une démocratie majeure, inclusive et citoyenne. Sur le plan social, Le Président de la République s’est engagé les jours à venir, à réduire le coût exorbitant de la vie au Sénégal, en relation avec les acteurs concernés. 
Dans ce même domaine social, un secteur privé fort sera le levier, sur lequel il compte s’appuyer pour résorber le chômage. Il reste vrai que Le nouveau Président a hérité d’un contexte économique particulier, avec plusieurs voyants au rouge, dont le service de la dette publique qui dépasserait les 15 000 milliards de francs CFA, soit un peu moins de 80% du Produit intérieur brut (PIB). 2 Dans ce cadre, Le Président, en tant que professionnel de l’économie a la claire conviction qu’une hausse substantielle de l’emploi ne peut être réalisée qu’avec une endogénéisation du secteur privé, même si le Privé international est toujours le bienvenu. 
La réduction drastique de charges publiques lourdes et inutiles de l’état, par la suppression d’institutions budgétivores à connotation clientéliste et politique, l’élargissement de l’assiette fiscale et l’optimisation des retombées de nos champs de mines, de gaz et de pétrole, pourraient booster le domaine de l’emploi et en même temps créer de la richesse. La bonne gouvernance et l’état de droit ne sont pas en reste, dans ce traditionnel discours de veille de fête d’indépendance. Conscient du fait que la mal gouvernance génère une affectation non optimale des ressources publiques et leur détournement à des fins privés, les nouvelles autorités ont répliqué par une nouvelle forme de « gouvernance vertueuse, fondée sur l’éthique de responsabilité et l’obligation de rendre compte ». Un levier fondamental de l’état de droit, en l’occurrence le secteur judicaire va bénéficier d’assises, auxquelles seront conviés les universitaires constitutionalistes, les magistrats, les avocats, les huissiers et autres professionnels du secteur afin de redorer le blason de dame justice. Dépasser la période des parodies de justice, réconcilier la justice avec les populations au nom desquelles, elle est rendue.
 La reddition des comptes en tant que demande sociale, serait vaine sans un pouvoir judiciaire fort, équilibré et équitable, qui respecte les droits du justiciable. 
Dans ce registre, Le Président Faye s’est engagé à lutter de toutes ses forces, contre la corruption sous quelque forme que ce soit et a érigé, en règle de conduite, un modèle de gouvernance vertueux, fondé non seulement sur la probité, mais aussi sur l’obligation de résultats. D’ailleurs, Le Chef de l’Etat vient d’ordonner la publication des rapports des cinq dernières années des corps de contrôle que sont entre autres, la Cour des Comptes, l’Inspection générale de l’Etat (IGE) et l’Office National de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC). Un audit approfondi des recrutements, des ressources humaines et budgétaires a été commandité dans chaque département ministériel. Les populations ont propulsé le « Projet » du PASTEF au pouvoir, sur la base de cette exigence d’état de droit et de transparence, dans le rêve de l’avènement d’une justice conciliatrice et réparatrice de toutes les dérives opérées ces douze dernières années. Il ne doit pas y avoir d’amnistie pour les crimes économiques et de sang, qui ont délibérément été planifiés, entre les mois de Mars 2021 et 2024. Ceci est le gage de la caution, que le peuple met sur la table pour voguer avec les Patriotes le plus longtemps possible, et changer définitivement la face du Sénégal. Toutes les présomptions de corruption ou de concussion constatées sous l’ancien régime devraient être passés au peigne fin par les nouvelles autorités. 
Dans ce cadre, toute la lumière, sera faite sur des gestions nébuleuses et scandaleuses telles que, les 1000 milliards de 3 fonds de riposte et de résilience de la pandémie de Covid-19, les 94 milliards des impôts et domaines et surtout les 29 milliards de la gestion du Programme des Domaines Agricoles Communes (PRODAC), qui a fini de plomber la candidature de l’actuel chef du gouvernement à la dernière présidentielle. 
Sur ce dernier dossier, aux conséquences désastreuses pour l’écrasante majorité du peuple sénégalais, qui avait jeté son dévolu sur le Président Ousmane Sonko pour porter leur candidature, il s’impose une exigence de lumière et de transparence. Le rapport dont l’existence a été jadis catégoriquement nié, existe aujourd’hui, comme par enchantement, pour un scandale qui date de 2016. Cette dernière affaire, aux allures d’un film hollywoodien, compte tenu du premier verdict pour lequel Le président Sonko était encore éligible, et du second, qui rendait nul et non avenu pratiquement tous ses droits civiques, il y’a nécessité d’éclairer la lanterne des sénégalais. Ceci est une exigence citoyenne, eu égards aux conséquences qui en ont découlé, dont l’inégibilité du Président Ousmane Sonko, les manques à gagner pour notre économie, et surtout les pertes en vies humaines. Il faut dire que le niveau de corruption sous l’ancien régime avait atteint, un niveau jamais égalé auparavant, et ceci a été un terreau fertile pour beaucoup de scandales, qui ont fait l’objet d’enquêtes dont les résultats n’ont jamais été publiés. 
Des personnes ressources à l’image du Professeur Mary Teuw Niane, ont contribué à plusieurs reprises à démasquer ces fossoyeurs de la République qui se sont enrichis illicitement à coût de milliards, souvent avec la complicité de hautes autorités. Professeur émérite, agrégé de mathématiques, Recteur de l’Université Gaston Berger de St Louis pendant 6 ans et par la suite, Ministre pendant un peu plus de 6,5 ans qui reste détenir son seul titre foncier de Ngallele, acquis bien avant sa nomination au rectorat de l’UGB. Quoi de plus normal alors, qu’il soit le premier, en compagnie du Président Ousmane Sonko, à être invité à venir partager son expertise et son expérience avec le nouveau Président de la République. Des hommes et des femmes intègres de toute obédience, pas forcément des politiques, pétris de compétences dans leur domaine d’activité seront les bienvenus dans ce nouveau régime. C’est dans ce cadre qu’il faut placer la volonté du Président Faye de démocratiser, contrairement aux anciennes pratiques, « l’accès aux postes de la haute fonction publique et du secteur parapublique par voies de concours », fondé sur le mérite, la probité et la compétence entre autres. D’ailleurs, le Premier Ministre est en train de préparer un projet de décret relatif à ces appels à candidature, conformément aux promesses électorales. Ces nouvelles formes de recrutement à des stations de souveraineté procèdent de la volonté du Président de la République, de promouvoir le mérite, la compétence, voire l’excellence, et par conséquent rester fidèle au « Projet » qui promeut une démarche parcipative et inclusive dans tous les domaines. 
La coopération internationale : le Sénégal reste plus que jamais un pays panafricain, ancré dans les valeurs africaines, même si une nouvelle ère de relations gagnant-gagnant devrait voir le jour avec les puissances occidentales. « Nos partenaires étrangers de tous horizons sont d’égales dignité pour nous » disait Le Président de la République, qui poursuit « Nous sommes seuls face à notre destin, et que personne ne fera à notre place, ce que nous ne sommes pas disposés à faire pour nous même ». Ce slogan, lu à la lumière de l’endogénéisation de notre émergence économique, exige de chacun des sénégalais, dans son domaine d’activité, de cultiver la compétence, la performance, voire l’excellence. Il semble alors nécessaire, pour rester fidèle à cette coopération « win-win » de revisiter tous les contrats pétroliers, gaziers et miniers qui ont été paraphé sous l’ancien régime, et ceci dans l’objectif d’optimiser les parts de notre pays, représenté par la Société des Pétroles du Sénégal (PETROSEN). 
Ces gisements substantiels d’hydrocarbures et de mines devraient, sils sont bien gérés, faire passer le Sénégal, dans le giron des pays à revenus intermédiaires. Les réserves des blocs de Rufisque et de Sangomar, dans l'ouest du pays, sont évaluées à plus d’un milliard de barils de pétrole, selon une note de l'Initiative pour la transparence dans les industries extractives du Sénégal (ITIE). Le gisement de gaz naturel, Grande tortue/Ahmeyim (GTA), situé aux larges de la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal, est tout aussi prometteur, avec des réserves estimées à 900 milliards de mètres cubes de gaz, et son exploitation a nécessité la construction de la "plus profonde infrastructure sous-marine d'Afrique", selon la compagnie British Petroleum (BP) qui porte le projet. Il en est de même, des mines aurifères de Sabadola dans l’Est du pays et de l’exploitation du Zirconium à Diogo. 
Dans ce contexte où l’Afrique est paupérisée, par l’exportation des produits bruts à faible valeur ajoutée et l’importation de biens finis à forte valeur ajoutée, il urge d’aller dans le sens d’une capacitation et d’un renforcement des compétences pour inverser cette relation asymétrique que nous entretenons avec les pays développés. Investir amplement dans une maitrise endogène, sous régionale et mutualisée, dans toutes les chaines de valeur des ressources pétrolières et gazières, en s’appuyant sur notre compagnie pétrolière nationale (PETROSEN), propriété exclusive de l’Etat du Sénégal. Inaugurer une politique hardie de renforcement des prérogatives et des parts de PETROSEN, même si l’essentiel de la phase recherche-exploration est souvent à la charge des compagnies étrangères. Mieux encore, s’inspirer des expériences de PETROBRAS au Brésil, ARAMCO en Arabie Saoudite ou la SONANGOL en Angola, qui ont pu capitaliser une expertise locale qui embrasse toute la chaine de production des hydrocarbures, pratiquement de l’exploration à la distribution, en passant par le pré-traitement, la production, le stockage, le transport et le raffinage. Utiliser la manne pétrolière pour aller vers une croissance à deux chiffres dans le 5 court terme, à l’instar de plusieurs pays producteurs de l’or noir, ne signifie nullement voguer à contre-courant de notre vision environnementale du développement. 
Au-delà de la tendance globale, l’essentiel des émissions de gaz à effet de serre relève de la responsabilité des grandes puissances économiques et industrielles telles que la Chine, les Etats-Unis, l’Inde et l’Union Européenne. Les nouvelles autorités semblent mesurer l’importance stratégique de ces énergies fossiles qui se trouvent dans nos différents off-shore et qui devrait induire de la croissance dans les années à venir. D’ailleurs, la première sortie du chef de l’Etat vers un pays voisin et ami comme la Mauritanie s’inscrit largement dans cette volonté d’harmoniser et d’optimiser nos profits dans l’exploitation commune de ce gisement off-shore profond que constitue la Grande tortue/Ahmeyim (GTA). La nouvelle option panafricaniste à outrance de ce jeune Président est confirmée par sa deuxième sortie qui a eu lieu en Gambie, même si au même moment d’autres invitations émanant de puissances occidentales lui sont déjà adressées. Vivement, que ce jeune Président réalise le Sénégal de nos rêves, nos aspirations, voire les utopies que nous caressions depuis l’an 2000. 

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Dr Abdoulaye Dramé

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Daouda Mine

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